Les techniques de la self défense fonctionne ou pas

Jack Parker a été agressée, jeudi dernier. C’était pas vraiment le moment. Mais vous savez quoi ? Elle va bien !

Petit disclaimer : avant toute chose, je tiens à insister sur un point important. Ce que vous allez lire raconte mon histoire, ma vie donc, et n’a absolument pas pour but de donner des leçons à qui que ce soit ou de servir de « modèle » à des personnes ayant vécu la même situation. Chaque cas est différent, selon la personne qui le vit, comment, où, avec qui, tout ça, donc évidemment, il est impossible d’englober tout le monde dans un seul petit témoignage.

Jeudi dernier, j’ai été agressée.

Ça partait bien, pourtant…

J’étais allée prendre un verre avec un pote, et même si j’avais promis à ma mère – chez qui je squatte quand je repasse à Paris – que je rentrerai en taxi, j’ai pris le dernier métro. Il était blindé, y avait plein de monde partout, dans les rues, dans les couloirs du métro, dans les bars, alors ça m’a rassurée. En arrivant dans mon quartier, souvent désert à cette heure là en semaine, j’ai constaté que là aussi ça fourmillait de gens. Normal, ce soir-là, tout le monde fêtait l’arrivée du beaujolais nouveau – j’en avais moi-même avalé une bouteille plus tôt dans la soirée et ça commençait à sérieusement me monter à la tête.

J’ai pris le chemin de la maison, un peu bourrée mais sur mes gardes, juste un peu moins que d’habitude. Il faut savoir que mes deux parents m’ont appris très tôt à être prudente, voire méfiante, m’expliquant très tôt sur quels dangers je pouvais tomber dans la rue, quels signes repérer, comment diminuer les risques et surtout, comment me défendre. Mon père m’a appris très tôt à maîtriser les bases de l’auto-défense, m’encourageant à pratiquer le plus de sports de combat possible – et si ça fait des années que j’ai pas pratiqué un seul sport, ça m’aura au moins permis d’acquérir les bases nécessaires à ma survie. Du coup, même quand je me mets dans des situations à risque, c’est toujours en connaissance de cause et en étant préparée à toute éventualité.

Encaisser et rendre les coups

Mais là, je sais pas. Je me sentais bien, j’étais confiante, je voyais tous ces gens autour de moi, j’avais passé une bonne soirée, et puis bon, le beaujolais quoi… Du coup, quand je suis arrivée derrière l’église, là où tous les lampadaires sont souvent éteints, j’ai rien vu venir. Un homme a surgi de nulle part, m’a attrapée par-derrière, un bras autour de mon cou et l’autre direct dans mon pantalon, en me crachant un « Ferme bien ta gueule salope ». J’avais jamais désaoulé aussi vite de ma vie. Premier réflexe : me retourner, reprendre le contrôle et me défendre. Mais c’était sans compter sur la détermination de ce mec, qui n’a que moyennement apprécié que je me débatte. Il m’a retournée lui-même, m’a mis une rafale de patates dans la tête, ce qui m’a évidemment fait perdre l’équilibre et une fois que je me suis retrouvée au sol, il a continué en me m’écrasant les côtes à coups de pied.

C’est la que mon cerveau a changé de mode. J’ai encaissé les coups en attendant de trouver une ouverture, un moyen de retourner la situation à mon avantage et une fois que c’est arrivé, j’ai complètement perdu le contrôle. L’adrénaline et l’instinct de survie ont fait leur boulot. Une fois que j’ai repris le dessus, je me suis acharnée sur lui à mon tour, et je lui ai démoli la gueule avec mes petits poings de mouche dont personne ne se méfie jamais. J’ai joué l’échange de rôles jusqu’au bout et cette fois c’est moi qui l’ai mis à terre, sans jamais m’arrêter de frapper. J’ai terminé sur un coup de coude dans le nez, juste assez pour le péter net et j’ai observé le résultat. C’était la première fois que je me retrouvais vraiment face à son visage. Pas de bol, non seulement on était plongés dans l’obscurité totale, mais le peu que j’aurais pu distinguer était à présent recouvert de sang. Je ne saurai jamais dire à quoi ressemblait ce type, s’il était blanc, vert, bleu ou noir à pois rouges. Du coup, je ne me suis pas attardée et je suis partie comme un boulet de canon, ne m’arrêtant qu’une fois assise dans le salon, où je me suis mise à trembler. Pendant trois heures, j’ai tremblé sans pouvoir m’arrêter, et je ne me suis autorisée à pleurer qu’une fois dans les bras de ma mère.

Je ne suis pas allée porter plainte, pour la raison expliquée plus haut. Je n’ai aucun élément descriptif à donner pour ce mec. Pas l’ombre d’une caractéristique, même pas une vague silhouette. Je ne pensais qu’à une chose : ne surtout pas baisser ma garde, ne pas le laisser reprendre le contrôle, et ne pas me faire violer. Je n’avais pas envie d’aller raconter mon histoire dix fois de suite, me faire prendre en photo sous toutes les coutures et globalement passer la nuit au commissariat pour « rien ». J’en avais ni le courage, ni l’envie. Vraiment, vraiment, vraaaaiment pas envie. Et donc aucun regret.

(Edit : Depuis la publication de cet article, vous avez été tellement nombreux-ses à insister sur l’importance d’aller porter plainte que j’ai décidé d’y aller cette semaine. Comme quoi hein, y a que les cons qui changent pas d’avis o/)

Et maintenant ?

Depuis, j’ai la gueule bien marquée – sous l’oeil gauche, sur les joues, le nez et le menton – et un hématome de la taille d’un pied sur les côtes. Je n’en souffre vraiment que depuis deux jours, parce que je pense que mon corps et ma tête ont eu besoin d’un peu de temps pour encaisser et réaliser ce qui s’était passé. J’ai dû rester complètement crispée et en mode « femme bionique prête à tabasser le premier qui s’approche » pendant quatre jours, avant que le choc ne passe enfin.

 

sur site http://www.madmoizelle.com/agression-mais-ca-va-134439

 

En dessous une vidéo d'une attaque en pleine rue